Le blog : réflexions
Pensées et méditations d’un petit fabricant français de vélos.
Quatre années sur mon Victoire n°491.
Il y a désormais presque quatre ans que j'utilise quotidiennement mon Victoire, le n°491. Vélo personnel, mais également outil de développement pour les futurs Victoire et Distance, il a subi quelques évolutions décrites ci-dessous, au gré des sorties autour de l'atelier comme de voyages à travers la France.
Conçu comme un vélo de gravel, mon Victoire n°491 a inauguré plusieurs détails destinés au bikepacking que l'on retrouve désormais sur nombre de Victoire.
La configuration initiale, combinant cadre acier, pneus compris entre 45 et 50mm de large, transmission mono-plateau et fourche carbone à oeillets autorise une utilisation très polyvalente, à la fois adaptée aux sorties sportives comme aux randonnées sur route ou tout -terrain à travers la France.
Flexible, la configuration est adaptée en fonction de la durée de la sortie, et seules les sacoches de cadre et de tube supérieur sont présentes tout au long de l'année. Elles contiennent le nécessaire de réparation, de la nourriture et des vêtements pour s'adapter aux conditions météorologiques (veste, gants, etc).
Le porte-bagage arrière, très léger et facilement démontable est un atout considérable pour transformer n'importe quelle machine en vélo de bikepacking. Supprimant tout balancement de vos bagages en danseuse, il permet aussi d'augmenter la charge par rapport à une sacoche de selle classique. Je n'utilise le porte-bagage arrière qu'en configuration totalement autonome, avec tente, matelas, duvet et réchaud.
Cette configuration de transport de bagage ayant apporté totale satisfaction, elle a été définitivement adoptée et reprise sur plusieurs Victoire, comme le n°507 et le n°529, ou légèrement modifiée pour transporter des bagages plus volumineux comme sur le n°537.
Coté composants, le principal changement de configuration a concerné le système de freinage. Exit les étriers Hope actionnés par hydraulique, dont le couple formé avec les leviers Sram n'a pas convaincu. L'ensemble demandait des purges trop rapprochées, et j'ai choisi de me tourner vers un système demandant bien moins d'entretien.
Après quelques discussions avec Growtac, j'ai décidé de faire un changement que beaucoup qualifieraient de retour en arrière : monter des freins à disques mécaniques actionnés par câble. Après avoir envisagé un temps les étriers Paul dont la réputation n'est plus à faire, j'ai découvert cette petite marque japonaise qui propose des étriers à câbles extrêmement compacts.
Entièrement usinés, ces freins combinent une puissance de freinage très importante et vraiment modulable, une facilité de réglage déconcertante et un toucher au niveau du levier qui vous fera oublier l'hydraulique.
Certes onéreux, ces freins sont très fiables et faciles d'entretien. Il sont vendus par paire et fournis avec un kit de cables et gaine de très grande qualité. Les gaines sont renforcées et incompressibles, et participent au toucher et à la puissance de freinage.
Les plaquettes Growtac sont spécifiques, mais possèdent les mêmes dimensions que les Shimano route. vous pouvez donc ainsi changer vos plaquettes par des références disponibles dans n'importe quel magasin qui se trouvera sur votre route.
Et après plus d'une année de test, j'ai été tellement convaincu que Victoire est devenu l'importateur officiel de ces étriers de freins pour la France.
Si vous êtes intéressés, vous pouvez vous les procurer par l'intermédiaire de notre boutique en ligne.
Il est à préciser que l'utilisation d'étriers à câbles limite le choix de transmission. Concernant Sram, ce n'est pas un soucis puisqu'il existe dans la gamme des manettes pour guidon route et commande de frein à câbles. Le barillet de changement de vitesse est, comme sur mes précédents manettes à freinage hydraulique, remplacé par le barillet Ratio qui permet l'utilisation d'un dérailleur et d'un cassette Sram à 10 vitesses, ici en version 10/52.
Cette grande cassette, très utile pour les reliefs auvergnats ne sera peut-être pas adapté à votre utilisation. Il est également possible de configurer votre manette avec un autre kit Ratio compatible avec la gamme XPLR de chez Sram, et une cassette 12 vitesses à l'étagement réduit de 10 à 44 dents.
Autre changement notable : le pédalier. Si le pédalier Hope d'origine donnait entière satisfaction, je n'ai pu en dire autant de la couronne. La couronne d'origine n'a pas supporté les 2500 premiers kilomètres, les dents s'étant usées très rapidement.
Hope ayant décidé entre temps de ne plus proposer leur couronne qu'en noir, j'ai pris la décision de revendre les manivelles pour tester un autre pédalier européen : le modèle gravel de chez Garbaruk. Ultra léger et à l'esthétique avantageuse, je ne manquerai pas de vous tenir au courant de la fiabilité de ce pédalier fabriqué en Pologne.
Certaines autres pièces ont évoluées, comme la selle Reform, très confortable grace à son assise que l'on adapte à sa morphologie et à sa grande souplesse. L'utilisation de cette selle me permet de me passer de cuissard, même sur des voyages sur plusieurs jours.
Les jantes Mavic ont été remplacées par des Zipp XPLR, très larges et permettant d'obtenir une meilleure tenue des pneus à gros volume. La plus grande largeur autorise plus de confort sans coté négatif.
Ces quatre années auront également été mises à profit pour tester différents modèles de pneus. Ce sujet fera l'objet d'un prochaine article de blog, le sujet étant dense à traiter.
Le Victoire n°491 me donne dans cette configuration entière satisfaction, et il est ainsi prêt à traverser la France et les années !
Dans cet article
Les porte-bagages légers Victoire
Ces dernières années ont vu arriver un nouveau type de bagagerie aujourd'hui omniprésent dans le domaine du voyage à vélo : les sacoches bikepacking. Jusqu'à lors, la solution des porte-bagages et des traditionnelles sacoches s'imposait souvent par défaut, y compris pour les courts trajets nécessitant d'emmener peu de matériel. Les sacoches bikepacking ont rendu possible le chargement léger de vélos ne disposant pas de fixations, convenant alors à un large public désireux de ne prendre que le nécessaire tout en ne sacrifiant pas la mobilité de leurs montures. Les avis sur la question sont nombreux : nous vous partageons aujourd'hui notre vision des choses.
Le Victoire n°470 illustre bien l'idée d'un vélo chargé de manière traditionnelle : les sacoches, volumineuses et bien arrimées à des porte-bagages, permettent d'emporter beaucoup de matériel. Ce type de chargement (qui présente généralement autour de 100 litres de contenance) convient parfaitement à de longs trajets en autonomie totale. On regarde ici moins le poids de la monture que sa capacité à subvenir à des besoins.
Le Victoire n°470 a été conçu pour réaliser le tour du monde. Il convient alors d'emmener avec soi une certaine quantité de matériel car les longs trajets exigent de se préparer à des climats et des terrains différents. Dans la liste des incontournables, on peux notamment citer : De quoi dormir (tente, hamac, sac de couchage, tapis de sol...), un réchaud, des vêtements, un important volume d'eau pour les zones arides ou non habitées.
Voici l'exemple inverse : notre Distance 60 édition Escapade (si vous ne connaissez pas notre seconde marque Distance, également produite à la main dans nos ateliers, nous vous donnons rendez-vous ici !) dispose d'un chargement de type bikepacking. Les sacoches ont une capacité de chargement moindre vis-à-vis d'une sacoche classique et sont directement arrimées au cadre, à la tige de selle, ou à la fourche grâce à un système de sangles ou de scratchs. Ce système permet donc d'emporter du matériel essentiel sans porte-bagages et sans fixations.
Le Distance 60 Escapade vient avec des sacoches représentant un total de 15L de contenance. A cet exemple, on peux rajouter une sacoche se plaçant à l'intérieur du triangle avant, une sacoche arrimée au cintre...
Chaque système présente ses avantages et ses inconvénients. A l'atelier, nous pensons qu'il est possible de créer une jonction entre ces deux catégories. En effet, lorsque l'on se dirige vers du bikepacking tout en souhaitant emporter avec soi un peu de confort et d'autonomie pour plusieurs nuits, on peut être confronté à la principale faiblesse du bikepacking : ses fixations. Les sacoches viennent alors à bouger, à se desserrer, ou à appuyer sur les gaines car trop chargées. Il est alors également possible que la peinture du vélo soit endommagée par frottements répétés.
Les sacoches de cadre du Victoire n°417 ou du Victoire n°413 sont directement fixées sur le triangle avant. Ainsi, la peinture du vélo est préservée et les sacoches ne bougent pas.
Chez Victoire, cela fait deux ans que nous cherchons à proposer des solutions permettant de contourner les principaux problèmes que peuvent poser l'utilisation de sacoches de bikepacking. Le Victoire réalisé pour le Concours de Machines 2019 dispose par exemple d'une sacoche de cadre fixée sur les tubes du triangle avant.
Les solutions que nous proposons ci-dessous sont l'aboutissement de ce travail de reflexion et de recherche.
Vous les avez peut-être remarqués sur le Victoire n°491 : ses porte-bagages proposent un système simple, léger et solide. Conçus par Julien et réalisés par Olivier notre chef d'atelier, ils permettent l'arrimage de "dry-bags" (ces sacoches étanches en forme de tube dont la fermeture se fait par plis successifs) en utilisant des sangles de type Voile straps.
Le démontage et remontage du chargement est extrêmement rapide : il suffit de desserrer les sangles passant à l'intérieur des many-things cages. Il en va de même pour les porte-bagages en photo, avant comme arrière : seules trois vis à l'empreinte BTR suffisent à leur maintien. Il est donc très simple de les placer en départ de weekend et de les retirer à votre retour.
Autre point fort notable qu'offrent ces porte-bagages : le poids. En effet, les sacoches utilisées pour cette configuration sont légères, tout comme l'ossature en baguettes d'inox minimaliste qui permet de les fixer.
Le porte-bagages arrière du Victoire n°491 permet de placer trois sacoches. Julien a même remplacé l'une d'elle par sa tente légère !
Bien que ne permettant pas d'y fixer des charges lourdes, ces porte-bagages permettent tout de même d'emporter votre tente, votre réchaud, votre duvet et tout ce qui est nécessaire pour passer plusieurs jours en autonomie sans sacrifier l'idée de confort.
Celui placé sur la fourche permet la fixation de matériel léger et rapidement accessible, tel des vêtements, un duvet ou même une pompe.
Grâce à ce système, il est possible d'emporter avec soi plus de matériel que le permettraient des sacoches de bikepacking, tout en profitant de fixations solides qui ne bougeront pas lorsque vous passerez en danseuse ! L'ensemble reste relativement léger et permet de conserver une certaine mobilité. C'est donc le compromis idéal entre un équipement bikepacking et des sacoches latérales classiques.
D'autres modèles de ce type sont en réflexion ou ont déjà été conçus par Olivier et Julien pour des projets précis.
La fabrication artisanale permet ici de penser des systèmes parfaitement adaptés à l'utilisation que souhaitent en faire leurs propriétaires.
Ces deux porte-bagages sont les premiers nés d'un concept que nous comptons bien utiliser de nouveau à l'occasion d'autres projets. Vous aurez l'occasion d'en voir paraître équipés sur des Victoire dédiés à l'aventure !
