Où on vous raconte la vie dans l’atelier, les sorties sur les routes et les chemins, les histoires de nos vélos et celles de leurs propriétaires.
La traversée de la Suisse du Victoire n°519 : une histoire de famille et d'aventures.
Pour apprivoiser et repousser les limites de son vélo Victoire, Jeanne - notre ambassadrice et pilote officielle au Concours de Machine 2022 - est partie en itinérance avec sa famille à la conquête de la Suisse.
Jeanne Lepoix a rejoint notre équipe pour devenir notre pilote officielle au Concours de Machines 2022. Pour relever ce défi, nous lui avions confectionné spécialement pour cet évènement un Victoire sur mesure, le n°519.
Après son baptême du feu sur les terres du Nord lors du Concours de Machines 2022, Jeanne a décidée de continuer de découvrir les capacités de son nouveau vélo lors d’un voyage en famille. Amoureux des montagnes et des grands espaces, le trio familial a mit le cap vers la Suisse. Zoé deux ans, installée dans son carrosse rouge, embarque pour de nouvelles aventures. Tractée par sa mère Jeanne, et son père Xavier, cette mini passagère roule à la découverte du monde. Cette famille vous emmène dans leurs bagages à la rencontre des lacs suisses, de ses sublimes pistes sinueuses et caillouteuses.
Dans les fragments de son journal de bord, Jeanne vous livre leur itinéraire, un voyage d’Ouest en Est sur plus de 550 km parcourus en quinze étapes de Genève à Arbon.
_PREPARER LA MACHINE EN MODE GRANDE VOYAGEUSE_
En prévision d’un « voyage au long cours », j’ai équipé mon Victoire d’un porte-bagage avant Tara, un grand classique. Deux confortables sacoches, de 24 L chacune, y sont installées. À l’arrière, l’équipe auvergnate m’a confectionné un tout petit porte-bagage, très léger, qui me permet d’accrocher trois petits sacs de 8 L à l’aide de supports de la marque Tailfin. Avec une carriole à tracter, il est important de répartir les forces sur l'ensemble du convoi. Augmenter le poids à l’avant m’apportera plus de stabilité. Ce dispositif me sera d’une aide précieuse pour gravir les pentes abruptes de la Suisse !
Pour surmonter les fortes déclivités des reliefs suisses, j’ai conservé ma cassette à forte plage de développement (10-48) et j’ai remplacé mon plateau de 36 dents par un plateau de 32. Ce n’est pas du luxe lorsque l’on veut hisser, sur les plus hauts sommets, entre 45 et 70 kg de chargements. Pour une bonne tenue de route, j’ai vu très généreux avec des pneus de 50 mm de section avec crampons pour bien accrocher au revêtement qui est en grande partie gravel.
En ce qui concerne l’attelage de la remorque Thule Cross sur mon Victoire n°519, rien de bien compliqué : l’axe traversant Syntace Axe X-12 de la roue arrière est remplacé par un adaptateur de la marque où peut se fixer la coupelle permettant d'accrocher le bras de la charrette.
_ORGANISER NOS ÉTAPES_
Du lac Léman au lac de Constance, notre itinéraire traverse l’ensemble du pays helvète d’un bout à l’autre et totalise environ 550 km pour 12 000 mètres de dénivelé positif.
Genève > Montreux
Sur cette première section entre Genève à Montreux, notre fil conducteur, c’est le célèbre lac Léman. En chemin, on a eu l'occasion de voir des châteaux, d’escalader les coteaux des vignobles et surtout de barboter dans l’eau de ce gigantesque lac, l’un des plus grands d’Europe.
Montreux > Les Paccots
On quitte la ville de façon brutale, 1 000 mètres d’ascension en moins de 10 kilomètres avec certaines rampes à plus de 18%. De temps à autre, les eaux du lac Léman font brièvement leur apparition, d’un bleu profond. Dans un tout petit hameau, un homme nous invite à nous reposer dans le jardin qui semble partagé entre les quatre ou cinq maisons qui se situent ici. Une belle prairie bien verte, l’ombre d’un grand arbre et sa balançoire. Une famille voisine semble agréablement surprise de nous voir. Ils reviennent tout juste d’un voyage en vélo tous les quatre et nous offrent généreusement le café. La route se poursuit dans un décor déjà très alpin et nous trouverons refuge pour la nuit sur une aire de pique nique parfaitement aménagée.
Les Paccots > Gruyères
Les Suisses ne semblent pas connaître les virages. La matinée démarre directement dans la pente et on pulvérise le record de vitesse minimale. La route mène autour du Moléson, ce rocher imposant dominant à lui seul le pays de Gruyère. L’asphalte laisse doucement place au gravier. Au loin, nous apercevons un grand chalet perché sur la montagne et nous en faisons notre objectif. À 1476 m d’altitude, c’est la plus ancienne buvette d'alpage de cette région de Fribourg. Il semblerait que le temps se soit arrêté dans cette salle où les habituées se délectent du célèbre fromage. La plongée sur Gruyères nous fait découvrir son impressionnant château trônant sur les hauteurs de cette petite cité médiévale, digne d’un livre de contes.
Gruyères > Lac Noir
Dans la montée du col de Jaun, quelle surprise de découvrir un panorama semblable aux Dolomites en Italie. Il s’agit de la chaîne des Gastlosen à l’allure déchiquetée. Elle est de toute beauté. Au sommet de l’Euschelspass, les noms des sites en plusieurs langues rappellent que l’on se situe juste à la frontière linguistique entre la Suisse française et allemande. Le ciel est de plus en plus noir et l’orage résonne fort tout autour de nous. Il ne faut pas traîner. On file dans la descente sous une pluie battante vers le lac Noir, blotti entre des formations rocheuses abruptes. Le décor prend des airs de film catastrophe.
Lac Noir > Lac de Thoune
En un rien de temps, on bascule vers des décors totalement différents. Des forêts, des canyons et l’extraordinaire chaîne du Gantrisch façonnent l’environnement du jour. Une piste panoramique au gravillon soyeux et relativement plate sur plusieurs kilomètres nous permet de glisser tout en douceur et d’observer les formations rocheuses grandioses façonnées par la nature. Le vent fait danser les fleurs sauvages qui bordent le sentier. Elles semblent recouvertes de soie blanche et le soleil les fait briller d’un rose éclatant. Aucun risque de pollution sonore, odorante ou lumineuse ici.
Lac de Thoune > Interlaken
La pittoresque ville de Thoune et ses anciens ponts en bois couverts et fleuris nous émerveille. Les cartes postales se succèdent comme ces vieux chalets gigantesques ou encore cette colline verdoyante où est perchée une petite cabane avec son indissociable drapeau helvète. Zoé s’en donne à coeur joie et galope dans les prairies en chantant. Sur des kilomètres, on suit une ligne de crête et on surplombe le lac entouré de ses imposantes montagnes. Le coucher de soleil est incroyable ce soir et on termine la journée autour d’une tisane à la menthe et de bons chocolats suisses du confiseur du coin.
Interlaken > Lac de Brienz
Sur notre route, les lacs se suivent tels les perles scintillantes d’un collier. Après le lac de Thun, on longe le lac de Brienz, couleur vert émeraude et majestueusement protégé par les hauts sommets enneigés. Un grand hôtel semble sorti tout droit d’un conte de fée près des chutes d’eau de Giessbach. On installe notre campement dans cette majestueuse vallée de Meiringen bercés par le son lointain des vieilles locomotives à vapeur du Brienzer Rothorn qui grimpent à plus de 2 300 mètres d’altitude.
Lac de Brienz > Lac de Sarnen
En plein cœur de l’Oberland bernois, on gravit le col du Brünig, où la piste, sinueuse à souhait et bordée d’énormes blocs rocheux, suit une ligne de chemin de fer à crémaillère à voie très étroite. Les eaux turquoises des lacs de Lugern et de Sarnen tranchent avec les prairies vertes pétantes parsemées de petits chalets : un véritable “Switzneyland” !
Lac de Sarnen > Lac de Lauerz
Après une nuit passée à l’abri dans la grange d’une vieille ferme, la météo n’est toujours pas au beau fixe ce matin. Un bateau nous permet de traverser le lac des Quatre Cantons qui avec ses nombreux bras rappelle un paysage de fjords. La brume reste définitivement accrochée aux montagnes et on monte sans visibilité jusqu’au petit restaurant rustique du sommet du Gätterlipass. Ambiance mystique.
Lac de Lauerz > Lac de Walenstadt
Dans la mythique plaine au relief ondulée de Rothenthurm, des paysages de landes, de tourbières, de bruyères et de marais s’étendent à perte de vue. Les prairies luxuriantes alternent avec les forêts mystiques, tandis que herbes et mousses font briller la vallée de leurs couleurs mi-terreuses, mi-rouilles. Le hasard fait bien les choses : au lac de Sihl, la route d’Emeline et Olivier croise la nôtre. Nos amis, rencontrés initialement en Islande, traversent également la Suisse mais dans l’autre sens, du lac de Constance au Lac Léman, par l’itinéraire de la Hope 1000. Après une belle soirée à refaire le monde, on repart à l’assaut des montagnes, direction le col du Sattelegg.
Lac de Walenstadt > Stein
Une route asphaltée longue et bien raide nous mène des rives scintillantes du lac de Walenstadt au sommet du Vorder Höhi. Le soleil précède les averses orageuses et la nature nous offre un incroyable spectacle mêlant lumière dorée et brume semblant s’accrocher aux montagnes. La vue s’étend au loin sur le Toggenburg, le massif de l’Alpstein et les Churfirsten, étonnante chaîne de montagne sous forme de crête interrompue à plusieurs reprises.
Stein > Appenzell
La dernière journée alpine de notre traversée nous mène sur le col du Risi, puis du Schwägalp par des chemins d’alpages caillouteux qui zigzaguent entre les pierres dispersées dans les pâturages. Aucun autre lieu ne permet d’approcher d’aussi près les parois rocheuses impressionnantes du Säntis qui semblent littéralement percer le ciel. Après un dernier regard sur les montagnes, nous descendons à vive allure vers la pittoresque ville d'Appenzell, connue pour ses maisons joliment peintes.
Appenzell > Lac de Constance
C’est drôle mais à chaque dernier réveil de voyage, Zoé ne semble pas vouloir se réveiller. Toutes les affaires sont rangées dans les sacoches et il ne reste plus qu’elle sur son matelas tout dégonflé. Un souhait de nous faire comprendre qu’elle ne veut pas rentrer ? Des collines bucoliques et de petites routes jalonnées de fermes fleuries avec soin, nous permettent de quitter Appenzell, toujours sous l’œil intrigué des vaches en train de paître. Les pentes sont toujours aussi raides. Dernière poussée de notre cortège, et au loin, on aperçoit déjà les reflets argentés du lac de Constance.
Les photographies de ce périple ont été réalisées par Jeanne et Xavier, nous les remercions chaleureusement pour ce magnifique témoignage ! L'expédition de Jeanne, sa famille et du Victoire n°519 est disponible en vidéo sur la plateforme Vimeo.